Parlons bien, parlons vin 10/01/19

La taille en hiver, impossible d’y couper !

Pour la vigne, de novembre à fin mars, c’est la période de repos hivernal. C’est aussi le moment pour le vigneron de procéder à la taille. Pourquoi et comment ? Trois Fois Vin vous fait un résumé de cette étape si cruciale pour la vigne et donc pour le vin.

Pourquoi tailler la vigne ?


La vigne est une liane, qui, à l’état naturel, pousse donc de manière erratique au lieu de produire des raisins permettant de produire du bon vin ! Qu’à cela ne tienne, le but de la taille est donc avant tout de domestiquer cette plante sauvage, en coupant des « branches » de manière à freiner son expansion et en particulier, à limiter le nombre de bourgeons, donc de grappes.

Le geste – prendre un sécateur et couper des morceaux de vigne – peut paraître anodin, pourtant, il conditionne grandement la production de raisin à court terme (pour la vendange à venir) et le développement de la vigne à long terme. Quels sont les principaux objectifs que se fixe le vigneron au moment de la taille ?

Produire la bonne quantité de raisin pour les prochaines vendanges

Il est impératif de laisser suffisamment de bourgeons pour avoir une quantité satisfaisante, en tenant compte des potentiels aléas climatiques (gel, grêle…). Mais il s’agit également de ne pas dépasser les limites de rendement fixées par le cahier des charges de l’appellation. Beaucoup de vignerons visent même un rendement bien inférieur pour éviter la « dilution » et augmenter la qualité.

Bien répartir les grappes

Le but est d’éviter un entassement des grappes qui favoriserait le pourissement et gênerait la maturation. Avoir des grappes bien distribuées permet à l’air de circuler, aux rayons de soleil d’atteindre les baies, facilitant un mûrissement sain du raisin.

Permettre le travail sur le végétal

La taille permet de donner à la vigne la forme souhaitée. Avoir des allées correctement marquées permet un travail plus aisé des sols. Certains types de taille sont à privilégier pour les vendanges mécanisées. La taille est donc déterminante dans le mode de viticulture mis en place par le vigneron.

Pérenniser la plante

La taille conditionne la santé de la vigne pour les décennies qui suivent. Donner la forme adaptée à un développement solide du cep, ne pas demander trop d’énergie à la plante en laissant trop de grappes à alimenter, ne pas interrompre l’écoulement naturel de la sève ou ne pas créer de grosses plaies sont des critères à prendre en compte pour éviter une fatigue prématurée de la vigne et le développement de maladies du bois comme l’esca. La prise de conscience de l’impact de la taille sur la santé du vignoble a fait du chemin ces dernières années, à tel point qu’elle est identifiée comme un des principaux leviers dans le très sérieux plan national de dépérissement du vignoble, soutenu notamment par le ministère de l’agriculture.

 

Comment tailler ? – Les principaux « types de taille »


Le type de taille doit permettre au vigneron d’arriver à atteindre les objectifs cités plus haut. Concrètement, le choix s’effectue en fonction du terroir, du cépage, de la densité de plantation des pieds et en grande partie de la tradition locale. les trois principaux types de taille en France sont les suivants.

Le Guyot (simple ou double)

Du nom du docteur à l’origine de cette méthode de taille. Dans sa version « simple », le Guyot comporte d’un côté, en partie haute du tronc, un sarment (rameau fabriqué par la vigne dans l’année) court comportant deux bourgeons. De l’autre côté, on conserve un sarment plus long, avec plus de bourgeons. Dans sa version double, quatre sarments restent, deux courts et deux longs. Un palissage assure que tous les sarments sont situés dans le même plan vertical. Le Guyot est très répandu : on trouve le simple notamment en Bourgogne, le double à Bordeaux, en Champagne, dans la vallée de la Loire…

Le cordon de Royat

Du nom de la ferme-école de Royat (Ariège). Ici, le tronc est courbé en partie haute de manière à former une ou deux grosses branches horizontales, desquels partent plusieurs petits sarments, portant un à deux bougeons chacun. Ici encore, un palissage rassemble les sarments dans un même plan vertical.

Le Gobelet

Il s’agit d’une taille courte tout simplement en forme de gobelet. Le tronc est prolongé par des branches qui ne sont pas palissées : la mécanisation de la vendange est donc proscrite. On trouve historiquement le gobelet dans le Beaujolais et le Languedoc.

Il existe d’autres types de taille en France (la lyre…) et dans le monde (la pergola…) adaptés aux particularités locales ou à des objectifs de production plus ou moins quantitatifs. Si les types de taille sont issus d’un héritage de plusieurs siècles, la recherche permet aujourd’hui de mieux comprendre l’impact de la taille et les pratiques continuent d’évoluer pour améliorer la santé de la plante et in fine, la qualité du vin.

 

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