Parlons bien, parlons vin 14/02/19

Le vin sous toutes ses couleurs (4/4) : le « vin bleu »

 

Suite et fin de notre série consacrée aux couleurs du vin, avec le « vin bleu ». Il est apparu pour la première fois en 2015 et fait régulièrement le buzz. Mais peut-on vraiment parler de vin ?

L’origine de sa couleur


Petit rappel des épisodes précédents ! Le vin blanc est obtenu à partir de la pulpe du raisin exclusivement, le rouge et le rosé, par la macération de peaux de raisin noir, le vin orange par macération de peaux de raisin blanc et le vin jaune, suite à l’oxydation sous voile… Dans tous les cas, il s’agit du résultat d’un procédé « naturel », à partir de raisin exclusivement.

Dans le cas de la boisson objet de cet article, il est plus difficile de savoir. Selon les fabricants, il proviendrait soit uniquement des anthocyanes, pigments du raisin noir, soit d’additifs qui n’ont rien à voir avec le raisin mais qui seraient à les croire, 100% naturels.

Au moins trois produits différents


Une première tentative espagnole au carmin d’indigo

La première apparition de « vin bleu » date de 2015. Gik Live! avait ainsi vendu 30.000 bouteilles en 2015, année de sa création. La coloration était obtenue à partir des fameux anthocyanes, mais également du carmin d’indigo, un colorant bleu extrait de l’indigotier. Des additifs qui sont naturels mais qui ont valu à la boisson d’être retirée momentanément des rayons de supermarché suite à pression des pouvoirs publics qui jugeaient que l’origine de la teinte n’était pas suffisamment explicite et qu’il y avait donc « manque de clarté pour le consommateur ». Vous pouvez aujourd’hui vous procurer cette boisson, au moins sur Internet, pour 10 à 11€ la bouteille.

La version haut de gamme Corse à la spiruline

Les frères Milanini et leur œnologue n’y ont pas été avec le dos de la cuillère pour élaborer leur breuvage : vendanges de nuit, stockage sous la mer pendant 6 mois, étiquette dessinée par Enki Bilal himself, dessinateur et Grand Prix du Festival d’Angoulême en 1987.

Résultat ? Leur cuvée Imajyne coûte 35€. Ce qui n’empêche pas les producteurs d’écouler, depuis 2017, 35.000 bouteilles par an entre la Corse, la Côte d’Azur, Monaco et Dubaï.

Le bleu de la cuvée, malgré une étonnante ressemblance, ne provient pas de schtroumpf Haribo, mais de la spiruline, ce complément alimentaire, encore une fois naturel…

Non, le « vin bleu » n’est pas issu de schtroumpf

Le Vindigo, la version 100% raisin ?

Le Vindigo  revendique clairement l’appellation de « vin bleu » et une couleur due uniquement au raisin. Le vin serait un 100% chardonnay espagnol, « macéré avec des extraits de peau de raisin ». En clair, on ajoute des peaux de raisin noir dans du vin blanc pour obtenir ce bleu. Magique. Pour 12€ la bouteille, on obtiendrait un chardonnay avec des arômes de fruit rouges et une couleur improbable.

 

Le « vin bleu » est avant tout un produit technologique. Comme pour le rosé de grande surface, la couleur passe bien avant les qualités gustatives. Si vous accordez plus d’importance à la couleur qu’à la qualité intrinsèque de votre boisson, vous pouvez tenter l’expérience. Si vous voulez varier les arômes, vous pouvez aussi prendre un cocktail à base de curacao.

Un Blue Lagoon, 100% spiruline-free

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